Julie-Victoire Daubié

Pionnière, Julie-Victoire Daubié est une femme marquante pour l’histoire de l’égalité des sexes. Elle est notamment connue pour avoir été la première femme « bachelier » (car son équivalent féminin n’existait pas encore sur les diplômes) en 1861 et pour être l’auteur de l’ouvrage « La Femme Pauvre au XIXe siècle » paru en 1866.

Née à Bains – les Bains, dans les Vosges au sein d’une famille nombreuse en 1824, Julie-Victoire Daubié, est issue de la petite bourgeoisie. La famille se trouve très vite confrontée à la misère de la condition ouvrière à la mort de son père alors qu’elle n’a que vingt mois.

Douée pour l’étude (JVD bénéficie de l’enseignement de son frère, prêtre, auteur de plusieurs catéchismes, qui lui apprit le latin et le grec) elle passe le Brevet supérieur de capacité en 1844, brevet rendu obligatoire pour les jeunes femmes qui désirent enseigner mais dont les institutrices des congrégations religieuses sont exemptées ; ce contre quoi elle s ‘élèvera par la suite, sans pour autant être contre un enseignement catholique.

Au bureau de bienfaisance de Fontenoy, dans les Vosges, où elle intervient bénévolement s’indigne de l’exploitation des domestiques et du sort fait aux mères célibataires.

Cette expérience lui inspire un essai intitulé « La Femme pauvre au XIXème siècle » qui lui vaut le premier prix du concours de l’Académie des sciences.

Face à la difficulté de devenir institutrice étant donné le monopole de l’éducation des filles par les congrégations religieuses, elle décide de passer le baccalauréat. On lui refuse l’inscription à Paris, mais elle est acceptée à Lyon grâce au doyen, Francisque Bouillier. Le 17 août 1861, à 37 ans, Julie-Victoire Daubié est la première française à obtenir le baccalauréat, avec un total de six boules rouges, trois boules blanches et une boule noire.  A l’époque, pour obtenir son bac, les examinateurs ont recours à un système de boules : une boule rouge signifie « avis favorable », une boule blanche « abstention » et une boule noire « avis défavorable ».

Un membre du jury déclare « On peut citer un certain nombre de femmes qui, au Moyen Âge et surtout à l’époque de la Renaissance, ont obtenu leur bonnet de Docteur, mais Mademoiselle Daubié est certainement le premier bachelier de sexe féminin qu’ait proclamé l’Université de France ».

Dix ans après avoir obtenu son baccalauréat, Julie-Victoire Daubié tente de forcer les portes de l’université, fermées aux femmes.

Elle est la première, en 1871, à réussir les examens lui octroyant une licence en Lettres – sans jamais avoir été autorisée à fréquenter les cours.

Elle reçoit son diplôme en avril 1872, six mois plus tard, licencié, sans e, l’intitulé du diplôme de licence comme celui du baccalauréat n’existe qu’au masculin, mais ce diplôme est établi au nom de Mademoiselle Daubié.

Le ministre Jules Simon en personne, a rayé « au sieur » pour le remplacer par « Mademoiselle » et lui adresse une lettre de félicitations.

Julie-Victoire Daubié est morte en 1874, emportée par la tuberculose à 50 ans.